vendredi 5 juillet 2013

Livre : Louise de Bettignies, espionne et héroïne de la Grande Guerre, Chantal Antier (Mots-clés : espionne, espionnage, Grande Guerre, héroïnes)


On a beaucoup écrit sur les héroïnes, les espionnes et les résistantes à l'occupant allemand de la Grande Guerre. Les plus connues se nomment Edith Cavell, Marthe Richer, Gabrielle Petit, Marie de Croÿ, Léonie Vanhoutte,  Louise Thuliez et,  pour le post qui nous intéresse ici, Louise de Bettignies.



Comment, en effet, une jeune femme "de bonne famille, qui se destine à entrer dans les ordres, se retrouve à la tête d'un réseau de renseignements ? Célébrée en son temps comme une figure héroïque majeure, celle que l'on surnomma alors la "Jeanne d'Arc du Nord", est depuis tombée dans l'oubli."

Née à Saint-Amand-Les-Eaux dans une famille de la noblesse catholique industrielle du Nord, Louise de Bettignies (1880-1918), d'un caractère complexe, est profondément marquée par une éducation catholique. Elle songe d'ailleurs un temps à entrer au Carmel, mais la vie en décidera autrement. Au cours des années qui précèdent la guerre, elle est préceptrice en Europe pour de grandes familles de la noblesse.

A la déclaration de guerre, elle prend ses quartiers à Wissant au sud-ouest de Calais, puis dans les premiers jours du conflit rejoint Lille. Le front ayant avancé vers le sud, Louise se trouve dans la zone occupée par les Allemands.

Bien vite, elle se dévoue pour les soldats blessés de tous bords dans un hôpital de la ville. C'est lors d'un voyage de Lille à Béthune qu'un officier en civil des services secrets britanniques lui propose de devenir agent de renseignement à Lille. Elle accepte la mission. En définitive, elle organise le réseau de renseignement Ramble.

Louise agit dans l'ombre sous le pseudonyme d'Alice Dubois. Responsable d'au moins quatre-vingts personnes, elle surveille les mouvements allemands, "les transports de troupes sur les lignes de chemin de fer de Lille à Bruxelles, étudiant la situation des bases militaires allemandes situées au nord de la France et en Belgique, rassemblant une masse considérable de renseignements pour les états-majors alliés." Arrêtée le 20 octobre 1915, avec Léonie Vanhoutte, elle refuse de dénoncer ses compagnons d'armes. Malgré l'intervention du roi d'Espagne Alphonse XIII et du pape, malade, après de longs mois passés dans la "sinistre forteresse de Siegburg", elle meurt d'un cancer du poumon dans un hôpital de Cologne en 1918 .

Tout comme Edith Cavell, Louise de Bettignies a directement ou indirectement suscité plusieurs écrits. Gem Moriaud, Louise de Bettignies (1928) ; Antoine Redier, La Guerre des femmes (1929) ; Hélène d'Argoeuves, Louise de Bettignies (1937) ; Henriette Celarie, Les jeunes filles déportées par les Allemands ; Pro Patria, Louise de Bettignies ; etc. Jusqu'à présent, l'ouvrage le plus récent, et le plus abouti, sur Louise de Bettignies était celui de René Deruyk édité par La voix du Nord en 1998, et depuis plus rien ou presque. Une évocation dans l'un des chapitres du très documenté Héroïnes de la Grande Guerre de Jean-Marc Binot paru chez Fayard en 2008.





L'ouvrage de l'historienne Chantal Antier, Louise de Bettignies espionne et héroïne de la Grande Guerre, paru en 2013, vient donc dépoussiérer le sujet grâce aux nombreux documents inédits de la famille de la "Jeanne d'Arc du Nord", c'est d'ailleurs tout l'intérêt du livre. Une histoire rafraichie, corrigée qui, avec le soutien de correspondances, donne plus de contour à la vie de Louise de Bettignies.

Livre disponible en librairie et sur les sites de vente en ligne (Amazon.fr, FNAC.com, etc.)

Louise de Bettignies
Espionne et héroïne de la Grande Guerre
éditions Tallandier
256 pages

FP


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