dimanche 22 janvier 2017

LIVRE : Louise Depuyot, LES GRANDES GUERRIERES DE L'HISTOIRE (Mots-clés : amazones, combattantes, guerrières)


Dans son introduction, l’auteur rappelle que les femmes ont généralement participé aux conflits armés dans des rôles de cantinières, d’infirmières ou d’espionnes. Toutefois, dès le départ, et parfois sous des formes propres (comme le viol), elles furent victimes des guerres. Par leurs actions elles ont pu voir leur nom pérenniser dans des noms de produit, comme Lara Secord pour des chocolats et bonbons. Cette femme est une héroïne de la guerre anglo-américaine de 1812 et son action permit d’éviter que les jeunes USA ne s’emparent de la région au nord des chutes du Niagara. Louise Depuyot rappelle enfin que les amazones grecques relèvent non de l’histoire mais de la légende.



En moyenne, par une petite dizaine de pages, nous est présenté la biographie d’une femme particulière. Une page d’illustrations est systématiquement proposée dans ce cadre. Après avoir évoqué la reine bretonne (donc sur l’espace actuel du nord de l’Angleterre) Boadicée en lutte contre les Romains, on découvre une bonne demi-douzaine de femmes samouraïs. Jeanne de Belleville, Jeanne d’Arc et Jeanne Hachette amènent le temps de la guerre de Cent ans. 
 
La période des Temps modernes (1492-1789) est extrêmement bien illustrée tant par les femmes pirates que par des personnages comme la princesse d’Épinoy (qui défendit en 1581 la ville de Tournai contre le duc de Parme devenu gouverneur des Pays-Bas espagnols), Catalina de Erauso (une nonne espagnole qui fuit le couvent pour devenir militaires aux amériques), La Maupin (cantatrice française aux nombreux duels). On remarque que l’on aurait pu ajouter dans ce groupe madame de Saint-Baslemont, fort active militairement du côté de Louis XIII en Lorraine lors de la guerre de Trente ans. Micheline Cuénin lui avait consacré en 1992 une biographie aux Presses universitaires de Nancy. 


 
Pour la période révolutionnaire est présente Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt née dans les Pays-Bas autrichiens ; elle est connue pour en particulier avoir tenté de créer une phalange d'amazones lorsque la République françaises est en guerre contre les monarchies européennes.



Nous arrivons à la Grande Guerre grâce à Marie Marvingt (née à Aurillac en 1875), une pionnière de l'aviation française, qui déguisée en homme participe sur le front à plusieurs combats notamment dans les rangs du 42e bataillon de chasseurs à pied. Découverte, elle est toutefois autorisée officieusement à servir dans l'aviation. D'ailleurs, en 1915, elle bombarde une caserne allemande à Metz. 

Emilienne Moreau n'aurait pas fait (comme le rapporte la presse de l'époque) le coup de feu lors de la reprise en septembre 1915 par les Anglais de sa ville de Loos-en-Gobelle mais par contre elle a donné des informations aux troupes britanniques sur les positions allemandes et a installé un poste de secours médical. Durant la seconde guerre mondiale, alors qu'elle est devenue institutrice et militante socialiste, elle se fait remarquer par d'importantes activités de résistance.

          Egalement est décrite l'aventure en Serbie de l'anglaise Flora Sanders. Rappelons que nous avions présenté sur ce site la Marocaine Fatima qui avait fait le coup de feu chez les spahis, en 1915, sur le front français. Un personnage non développé dans l'ouvrage Les Grandes guerrières de l'histoire.

Bien entendu une bonne place est faite aux combattantes de la seconde guerre mondiale (dont les aviatrices russes) et on apprécie que des exemples très récents soient mis en exergue comme celui de la "terroriste" Leïla Khaled qui détourne en 1969 un avion et manque de le faire en 1970 pour le compte du FPLP ; elle ne resta que juste une année en prison en Angleterre car elle fut échangée contre des otages d’un détournement ultérieur. 
 
Encore plus proche de nous, l’auteur parle de la britannique Chantelle Taylor présente en 2008 en Afghanistan et de Narine Afrine combattante kurde en Syrie. On apprécie l’évocation de personnalités non européennes comme la pirate chinoise Chingh Shih (connue par les Chinois sous le nom de Cheng I Sao 鄭一嫂) qui sévit au tout début du XIXe siècle ; notons qu’une excellente série de BD lui est consacrée. Il s’agit de Shi Xiu reine des pirates, paru en quatre tomes chez Fei entre 2011 et 2015 ; bien entendu le contenu est assez romancé. 
 

Louise Depuyot, Les Grandes guerrières de l’histoire, Jourdan, 2016, 246 p. 17 euros


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